Les propos ci-dessous ont été tenus par Philip
K. DICK à Gregg RICKMAN qui les a retranscrits dans son livre Philip
K. Dick : in his own words. Des extraits en ont été
publiés dans Science-Fiction 7/8, extraits
traduits par Pierre-Paul
DURASTANTI.
Pierre-Paul est le détenteur des droits sur cette traduction française et
m'a fort aimablement autorisé à la republier.
Ceci est la première des deux parties de cette
bibliographie commentée, et concerne les romans publiés avant 1966. Pour les
romans publiés après 1965, voir la deuxième
partie.
C'est mon premier roman de
science-fiction. J'avais écrit des romans de littérature générale -
auxquels, à ce qu'il parait, j'étais seul à trouver des qualités
littéraires — demeurés inédits. Pour Loterie solaire, j'ai pris
délibérément modèle sur Van Vogt, et je n'en ai pas
honte, car c'était mon héros, aussi bien en tant qu'homme qu'en tant
qu'écrivain. J'ai donc écrit un roman vanvogtien. Je n'étais pas un auteur
original, à l'époque... J'avais mes héros, et je tâchais de les
imiter... Quand Tom Disch a fait la (préface de la) réédition de ce livre
chez Gregg Press, il n'y a rien trouvé de bon. Mais ce qu'il oublie, c'est
la date à laquelle ce livre a été ecrit... 1954. Eh bien, merde !
Il ne paraissait rien de bon en ce temps-là. Je ne vois qu'un seul et
unique roman de S.-F. digne d'intérêt : L'Homme démoli, de
Bester, auquel j'ai d'ailleurs emprunté le Corps télépathique. Disch n'a
pas eu à vivre la période des pulps. C'est trop facile de parler de
qualité en ces années 70-80. Mais s'il croit qu'il aurait pu vendre un
roman de S.-F. de qualité en 1954, c'est qu'il n'existait alors qu'un seul
et unique débouché : Ace Books. Leurs livres étaient des
« doubles » où l'on trouvait deux romans pour 35 cents. On
n'avait aucune latitude. Un livre devait faire 6 000 lignes et
être un roman d'aventures. Et si on n'écrivait pas ce genre de choses
pour Don Wollheim*, on ne le vendait pas...
Quand on me parle de Loterie solaire, je me mets
toujours sur la défensive. Mais si l'on songe à ce qu'était le
domaine à ce moment-là, c'était un sacré bon roman. Damon Knight s'en est
aperçu, il a dégagé ce qu'il appelle une intrigue architecturale dans la
structure. Bien sûr, en regard de livres plus récents, c'est une
arnaque. J'étais un novice.
Je hurle. Je deviens hystérique. (Rires.) Je
défends mon premier roman. Le Pianiste déchaîné, le premier livre de
Vonnegut, était un chef-d'oeuvre, et pas le mien. Vonnegut est plus futé
que moi.
Ah, Les chaînes de
l'avenir. Je l'ai relu il y a peu. C'était un roman intéressant car
j'avais essayé d'y
transférer des éléments empruntés à mes livres de qualité, ou relevant
de la littérature générale. On peut constater que même s'il n'est pas
aussi réussi et sans doute pas aussi bon que Loterie solaire, il reste un peu
plus original, un peu plus expérimental. J'ai voulu essayer des procédés
littéraires particuliers. A la relecture, on trouve les personnages un
peu mieux développés. Sur ce plan-là, il est donc plus sophistiqué... De
manière assez remarquable, c'est un roman qui traite de la drogue. Et
nous parlons là d'un livre drôlement précoce sur le sujet, écrit bien
avant qu'il existe une telle subculture. Vous ne trouvez pas ça
intéressant, un roman écrit en 1955 et qui parle d'un drogué ? Je
m'y connaissais tellement que je leur ai fait prendre l'héroïne en
capsules. Je ne savais pas que ça s'injectait. Et hop ! il prend
deux capsules d'héroïne.
Mais je voyais déjà la drogue comme un des
éléments importants de la société à venir.
Nul doute que ce soit le meilleur roman
fantastique jamais publié. J'avais lu tout ce qui était paru dans
Unknown, qui n'existait déjà plus quand j'ai commencé à
écrire. Un beau jour, je me suis demandé si je serais capable d'écrire
un roman assez bon pour que Unknown, s'il paraissait encore,
l'achète. Et j'ai écrit Les
pantins cosmiques, qui s'est d'abord
intitulé A Glass of Darkness en magazine. Tony Boucher l'a aimé,
et j'ai été persuadé que j'avais réussi. Mais c'était de ma part une
tentative délibérée pour voir si j'étais capable d'égaler des gens comme
Clive Cartmill, Heinlein, Padgett...
Un autre intérêt, involontaire, de ce
roman, c'est que pour l'écrire, j'ai du faire quelques recherches sur la
religion. Sur le zoroastrisme. Et cela a représenté un tournant dans ma
vie, car, bien que je me sois seulement documenté pour écrire un roman,
j'ai découvert qu'après avoir étudié une religion bithéiste, j'éprouvais
toutes les peines du monde à revenir au monothéisme... D'où une
influence spirituelle, théologique, religieuse, quel que soit le terme,
involontairement causée par les recherches que j'ai effectuées...
Ma première tentative d'humour dans le roman de S.-F.. C'était un livre très médiocre, mais, pour la première fois, on perçoit mon sens de l'humour dans un roman. Je ne me prends plus autant au sérieux, et le livre n'en est que mieux équilibré. Une grande part de l'humour qui a contribué au succès de mes livres ultérieurs apparaît sous une forme primitive dans Le Détourneur... Autre chose : il y a cette MOREC de « Moval Reclamations », une dictature qui s'étend à l'ensemble du monde ; cette idée provient de ce que j'avais lu sur la Chine communiste, et sur l'incroyable pression puritaine qui s'y exerçait. J'ai pris modèle sur les îlotiers chinois ; dans ce pays, chaque pâté de maisons avait son commissaire politique. L'intérêt, c'est que quelqu'un qui verrait cet élément dans Le Détourneur ne pourrait pas commettre l'erreur de me croire communiste ou marxiste, car nous avons là une tentative très, très sincère de montrer les tendances dangereuses du communisme, de l'Etat communiste... Je ne suis pas marxiste, et ce livre aurait dû fournir des indices aux astucieux... J'ai grandi à Berkeley, et il y a dans mes oeuvres une espèce de qualité quasi marxiste, parce que j'attaque l'establishment industriel avec des slogans que l'on associe au marxisme. Mais à Berkeley, tout le monde parlait comme ça, c'est le patois local. Les « fascistes », les « capitalistes », et ainsi de suite... Dans les années 30, Berkeley était la capitale suprême du communiste pour tout l'ouest des Etats-Unis. Elle comptait une véritable communauté communiste... Même enfant, j'ai été exposé à tout ça. J'avais une babysitter membre du Parti, car on pouvait alors afficher ouvertement de telles opinions ; ça fait une sacrée différence... Il y avait même des gens importants au Parti. C'était comme d'appartenir au parti démocrate aujourd'hui. Une fois, j'ai dit à ma mère : « Maman, comment ça se fait que ma babysitter n'arrête pas de me parler de l'Union Soviétique et de la belle vie que les gens y mènent ? — Eh bien, me dit-elle, c'est qu'elle est membre du parti communiste. Un milieu passionnant, non ? » Et tous les jours, ma babysitter me parlait de l'usine de tracteurs de Leningrad et des ses héroïques travailleurs.
Oui, oui. Autre indice qui fait qu'on ne
peut pas honnêtement me dire communiste. (Les communistes), je les ai
parodiés et sauvagement attaqués dans L'oeil dans le ciel, ce
qu'a remarqué Poul Anderson. Il a dit que le passage où les slogans
communistes tombent du ciel et mettent le feu à une maison était une des
choses les plus amusantes qu'il ait jamais lues. Non seulement L'oeil
dans le ciel attaquait les chasses aux sorcières de l'époque
McCarthy, au cours de laquelle il a été écrit, mais il s'en prenait
aussi aux communistes... Ca a été un pur plaisir pour moi d'écrire ce
livre. Il ne m'a fallu que deux semaines. Un véritable coup de
vent. Soudain, j'avais la maîtrise des dialogues, j'écrivais avec
humour. J'ai fait une véritable percée avec ce roman. Wollheim s'en est
aperçu et il l'a publié en solo... C'était la toute première fois.. Avec
promotion publicitaire et tout le bazar.
Je crois les personnages bons et l'idée
originale. Enfin, non, elle ne l'est pas : je l'ai volée à
L'Univers en folie de Fredric Brown et adaptée. Au lieu d'un seul
univers fantasmatique, j'ai pris une série d'univers fantasmatiques,
irréels. C'est de là que date mon intérêt envers l'irréalité, l'univers
frauduleux. En voilà l'origine... Je ne sais pas quelle est
l'alternative au réel. Il y en a plusieurs, en fait. Même
« irréel » ne convient pas. Il y a un état semi-réel de
choses ; c'est un concept
intéressant... qui pourrait vous ligoter pendant des années, rien qu'à
essayer d'imaginer ce que diable pourrait bien vouloir dire
« semi-réel »... Et je crois que je souscrivais à ce concept
sans réaliser que je me retrouvais alors dans un cadre de référence
platonicien où je
considérais le monde phénoménal comme semi-réel, possédant une existence
et n'étant pas une simple hallucination... j'ai abordé ce genre de
problèmes pour la première fois avec L'oeil dans le ciel, et j'adorais ça,
j'adorais de telles hypothèses. Avec l'idée que chacun vit dans un monde
quelque peu différent de celui des autres...
Il s'agissait d'un pari risqué, car il n'y avait pas la moindre chance pour que Wollheim prenne un tel livre. Je ne pouvais donc pas le vendre comme roman de science-fiction. Lippincott l'a acheté comme « roman à suspense » et ne m'a payé que 750 dollars... Ici encore, le lecteur est confronté à une réalité truquée. J'étais désormais fasciné, obsédé par cette idée... Aussi est-ce un livre pivot dans ma carrière... le premier que j'ai écrit dans lequel le monde entier est truqué. Dès la première page, vous êtes dedans. Le monde dont vous parle n'existe pas. Et ce devait être la prémice essentielle, sous-jacente de tous mes écrits. Le monde dont nous faisons l'expérience n'est pas le monde réel, mais autre chose, une semi-réalité, un leurre. C'est le gnosticisme. Un gnostique a parlé du « créateur illusoire et de son monde irréel ». C'est une idée saisissante. Il me parait logique qu'un créateur illusoire crée un monde irréel. Mais de quoi diable parlons-nous ? Parlons-nous de quoi que ce soit ? Quelles caractéristiques posséderait ce qui n'existe pas ? De quoi vous rendre insomniaque... Je pourrais continuer des heures durant. Ce sujet, c'est ma raison d'être*.
Aucun intérêt. Ce n'était à nouveau qu'une tentative pour gagner de l'argent. Comme Les marteaux de Vulcain un baclage hâtif, symptomatique de l'état du genre... nous parlons d'une période où le nombre de lecteurs était très réduit, les idées très conventionnelles, la technique absente. Le domaine n'attirait plus de véritables bons écrivains. On ne recevait plus de sang frais. Les grands écrivains du passé se mouraient ou se répétaient. Ce manque de sang neuf constituait le coeur du problème.
Je me morfondais de ne plus écrire. Je ne
pouvais pas vivre sans l'écriture. Aussi, quand je m'y suis remis, ça a
été pour réussir ou pour mourir. Soit je faisais du stupéfiant, du
révolutionnaire, de l'original, soit je n'écrirais plus... Il me fallait
m'élever à un niveau que ni moi ni personne n'avait jamais atteint... Je
mourrais d'envie d'écrire et j'avais tout refoulé sous ce désir
immense. Et quand j'ai entamé Le maître du
Haut-Château, j'avais
en moi un énorme réservoir de nécessité, d'idées et d'énergie, et ça a
été facile, très facile de l'écrire. Il n'a fallu ni synopsis ni
intrigue structurée à l'avance. C'est allé tout seul. Durant ma longue
période d'inactivité, le livre s'était construit en moi. J'étais
euphorique... J'ai eu une veine incroyable. Je ne m'attendais pas du
tout à un succès pareil. Mais il a été pris par un excellent directeur
de collection, Pete Israel, qui m'a fait opérer des nombreux changements
qui l'ont beaucoup amélioré. Des modifications très, très
substantielles... Je ne me rappelle pas lesquelles, mais elles m'ont
valu une montagne de travail extrêmement pénible, puisque j'ai dû le
récrire presque en entier... Sa structure s'appuie sur une construction
romanesque utilisée par les étudiants du département de français de
l'université de Tokyo après la Seconde Guerre mondiale. Ce n'est pas une
structure provenant de la littérature générale, mais une structure que
j'ai mise au point à partir de diverses sources...
Je considérais le national-socialisme
comme un sujet mystérieux. Quelle misère qu'un pareil phénomène ait pu
survenir dans un pays qui nous a donné Goethe, Beethoven, Schiller. J'ai
lu le livre d'Hannah Arendt, Les Origines du totalitarisme, qui
m'a beaucoup aidé à le comprendre. J'ai étudié le national-socialisme
jusqu'à sentir que je pouvais voir le monde comme le voyaient les nazis.
Là, j'ai ceci à dire : Glissement de temps sur Mars a été une tentative de me dégager du Maître du Haut-Château et accéder à un degré de qualité et de complexité supérieur. Mais le marché l'a mal reçu, aucune éditeur de livres reliés n'a été intéressé, et j'ai fini par le céder à Ballantine pour 2 000 dollars. Cela m' a complètement mis à plat. Je sentais que c'était un très bon roman, très sérieux, très important, et je n'ai reçu aucune réponse, le livre a disparu, tout simplement. Il ne s'est pas bien vendu et mon nom était imprimé en tout petit sur la couverture ; tous les progrès accomplis en termes de marketing depuis Le maître du Haut-Château se voyaient réduits à néant. Je me suis senti désespéré... Personne ne l'a remarqué, ni les critiques, ni les éditeurs, ni les lecteurs...A ce moment-là, j'avais trouvé mon style d'écriture... Je n'imitais ni Alfred Bester, ni A.E. Van Vogt. Ce que je faisais était sans équivalent dans le domaine. J'empruntais au roman français, au roman japonais, j'avais vraiment créé une nouvelle espèce de romans... que personne au monde n'écrivait. Sauf, peut-être, quelques auteurs japonais, mais nul ne les lisait, et, pour le public américain, j'étais unique. J'étais heureux d'écrire de tels livres... Ils avaient trouvé une sorte d'équilibre entre l'humour et la tragédie, je crois. Je ne dirais pas que j'appliquais une formule, mais que je maîtrisais une structure à laquelle je ne cessais de recourir. Elle m'appartenait. J'avais trouvé mon mode d'expression, je m'en satisfaisais, je vivais de lui, mais j'ai essuyé une défaite avec ce livre. Si je l'avais vendu à, disons, Viking, Harper and Row ou Scribner's, j'aurais alors considérablement progressé et je serais allé vers un type de roman plus cultivé, plus profond. C'est là quelque chose que j'ai tendance à oublier et dont je ne parle pas souvent. J'avais oublié cette défaite... Le livre qui aurait suivi aurait été bien meilleur... mais je ne peux même pas dire aujourd'hui ce que ç'aurait été.
Voilà peut-être ce que j'aurais fini par écrire. Il me paraît maintenant évident que c'est ce que je désirais, me tourner vers des thèmes d'une plus grande profondeur métaphysique... J'ai écrit ce roman au moment de ma conversion à l'Eglise épiscopale, lorsque j'ai commencé à m'intéresser au christianisme et à avoir le sentiment de la réalité du diabolique, qui est la continuation de mes recherches antérieures sur le zoroastrisme. Pour moi, le Mal était une force aussi réelle que le Bien. Il y avait Dieu, et l'anti-Dieu. En fait, il s'agissait, avec ce livre, de réaliser une étude mettant en parallèle la Déité et le Mal, le Bien et l'Humain. Le bon côté était humain et le mauvais divin. L'homme est confronté à un Dieu meurtrier. Nous avons là un roman d'essence diabolique. Quelqu'un l'a qualifié de Bible satanique. Et c'est vrai, en un sens... Je me retrouvais confronté au Mal absolu, que j'avais évoqué dans Le maître du Haut-Château. Mais avec Le Dieu venu du Centaure, le sentiment du Mal absolu apparaît dans toute sa vérité. Il ne s'agissait pas seulement d'expliquer la souffrance, ce n'était pas aussi simple, mais de définir ce que je pensais être, sur notre monde, le Mal absolu. Je crois que ça remonte à mon étude des nazis... Les recherches que j'ai faites sur eux concernaient Le maître du Haut- Château, puis je me suis préoccupé de théoloqie et de métaphysique, et tout à coup l'idée d'un mal transcendantal a surgi.
Ce roman témoigne de mon intérêt pour la psychiatrie, sur laquelle je commençais à lire de nombreux ouvraqes. J'ai toujours été fasciné par les états psychologiques anormaux. Cela est à mettre en rapport avec mon intérêt pour les réalités multiples... Le psychotique est quelqu'un dont l'expérience de la réalité diffère radicalement de la nôtre. Et ça me fascine, ça me fascine toujours autant, d'ailleurs. Mais aujourd'hui, je préfère l'éviter... Le monde du psychotique ne m'attire plus. Je veux mettre le plus de distance possible entre lui et moi. J'ai trop souffert entre les mains de ses semblables pour vouloir encore les fréquenter. Ils ne m'intriguent plus. Quand je croise la schizophrénie, je change de trottoir... C'était un travail d'amour ; l'histoire de la valeur des diverses psychoses, du point de vue de la survie. Avaient-elles une valeur utilitaire ? Il me semblait que oui, et de bien des leçons, sinon dans notre culture, du moins, peut-être, dans d'autres.
Ça, c'est un excellent livre. J'avais vécu dans une communauté rurale de l'ouest de Marin County pendant assez longtemps pour en devenir familier. J'ai mis cela en rapport avec la communauté de Berkeley à laquelle j'avais appartenu de manière que toutes deux fusionnent en un monde apocalyptique vraiment unique... Ce n'est pas ce qu'on s'attendrait à trouver après l'Holocauste. Aussi est-ce un livre très original, me semble-t-il. En tant que société, c'est aussi une société très originale. Ce roman m'impressionne. Il n'a pas son pareil, aucun doute là-dessus. Et dans toute la fiction, pas seulement dans le domaine de la science-fiction. Dans toute la fiction.
J'ai écrit ce livre sous la forme d'une novelette pour Amazing, sans autre but que de gagner de l'argent. Ces gens d'Amazing m'avaient offert le double de leur tarif normal si je leur écrivais un récit à partir d'une de leurs couvertures, qui était déjà prête. Je l'ai fait. Ce n'était pas très bon... La version originale est celle que j'ai écrite, mais lorsque Wollheim l'a prise, il a voulu 50 % de texte supplémentaire, qu'il n'a pas aimé. C'était trop jeté pour lui, un vrai trip à l'acide. Il n'a donc jamais publié cette deuxième partie et aujourd'hui Berkley veut tout ressortir, mais ça demande des révisions. Les deux moitiés ne collent pas du tout. La seconde est bien meilleure que celle qui a été publiée : pleine d'imagination, très radicale ; très expérimentale. Mais je n'arrive pas à m'insérer entre les deux parties de Mensonges et Cie pour les récrire.
On l'a qualifié d'autoparodie délibérée, mais ce n'était pas le cas. J'étais alors soumis à une tension énorme ; ma femme et moi nous étions séparés, j'étais retourné habiter chez ma mère et mon beau-père et j'avais un contrat pour écrire deux livres à la fois, La Vérité avant-dernière et Dédalusman... En six semaines, j'ai tapé 1 200 pages, Ce ne sont pas de bons livres, j'écrivais beaucoup trop vite et je n'avais pas de véritable public. Je trouve les 150 premières pages de Dédalusman absolument illisibles. Je ne peux pas les lire. La deuxième partie est correcte, mais la première est tout bonnement épouvantable.
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Mis à jour le 02 octobre 2002 à 13h22
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