Le profanateur Couverture  de 'Le profanateur' (Cliquer pour la voir en grand) Couverture .1 de 'Le profanateur' (Cliquer pour la voir en grand)
The Man who japed (écrit en 1955, publié en 1956)

Résumé  

      L'Agence de recherches fondée par Allen Purcell a pour objet social de fournir des scripts à TéléMédia, l'organisme de propagande de cette Société Morale du XXII° siècle. Le système social a été mis en place par le Major Streiter, après l'apocalypse, il y'a plus d'un siècle, en le basant sur le Réarmement Moral (Rémor) : les valeurs morales conventionnelles sont intransgressibles, et tout le monde surveille tout le monde.
     Purcell est nommé à la tête de TéléMédia. Il est donc maintenant en quelque sorte le garant de la moralité publique. Mais il supporte mal cette société, et il vient, plus ou moins inconsciemment, de profaner nuitamment la statue du Major Streiter. Il ne sait pas lui même pourquoi. Trouvera-t-il de l'aide auprès de la Station d'Hygiène Mentale ? Est-il un rebelle qui devra affronter la société ?


Une page  

    Dans la société hautement moralisée de l'an 2114, les assemblées d'îlot hebdomadaires fonctionnaient suivant un système de roulement. Les surveillantes de l'ensemble des unités d'habitation du voisinage y participaient, formant une espèce de jury dont celle de l'îlot en cause assurait la présidence. Mrs Birmingham étant la surveillante de l'îlot d'Allen, elle trônait donc sur un siège surélevé au milieu d'un groupe de dames d'âges mûr habillées comme elle de robes de cotonnade imprimées et assises sur des chaises.
    — Cette salle me fait horreur, dit Janet en marquant un temps d'arrêt à la porte.
    Allen éprouvait à peu près les mêmes sentiments. C'était ici, dans cette vaste salle du rez-de-chaussée de leur immeuble, que se réunissaient les Ligues, les Comités, les Clubs, les Bureaux, les Associations et les Ordres de leur ensemble résidentiel. Elle sentait le renfermé, le soleil en conserve, la poussière, et l'odeur particulière des paperasses innombrables qui s'y étaient amoncelées au fil ldes années. C'était de là que partaient les indiscrétions et les inquisitions officielles. Dans cette salle, tout le monde pouvait fourrer son nez dans les affaires de tout le monde, même les plus privées. C'était l'aboutissement de plusieurs siècles d'acharnement chrétien à se confesser.
    Comme d'habitude, il n'y avait pas assez d'espace pour loger tous les présents. Une bonne partie des participants étaient obligés de rester debout ; ils se tassaient tant bien que mal dans les coins et dans les allées latérales. Le système de conditionnement d'air brassait en gémissant une fumée épaisse. Allen était toujours étonné par cette fumée, car personne n'allumait jamais la moindre cigarette — et d'ailleurs, il était interdit de fumer. Et pourtant, l'air était à couper au couteau, comme enfumé, depuis un passé lointaint, par le fantôme d'un feu purificateur.
    Allen fixa son attention sur la meute de juvéniles rassemblés au pied de la plate-forme. Les juvéniles étaient de petits robots-espions assez semblables à des perce-oreilles géants ; ils se déplaçaient en rampant sur le sol ou en grimpant le long des surfaces verticales à une vitesse extravagante, et rien ne leur échappait. Ceux-là étaient inertes. Les surveillantes avaient ouvert leurs coques métalliques pour les délester de leurs bandes magnétiques. Les juvéniles restaient inactifs pendant toute la durée du meeting et ensuite on les remettait en marche.
    Ces petits mouchards métalliques avaient beau être sinistres, il n'y en avait pas moins en eux un aspect réconfortant : les juvéniles n'accusaient jamais personne ; ils se contentaient de rapporter fidèlement ce qu'ils avaient vu et entendu. Ils ne pouvaient pas retoucher leurs informations, et ils ne pouvaient encore moins les inventer de toutes pièces. Puisque leur victime était mise en accusation d'une manière purement mécanique, elle était préservée des ragots hystériques, de la volonté de nuire et de la paranoïa. Mais le problème de la culpabilité ne se posait jamais, puisque toutes les preuves étaient déjà là. Il ne s'agissait que de juger de la gravité de la faute vue sous un angle purement moral. La victime ne pouvait protester qu'on l'accusait injustement ; elle ne pouvait protester que contre la malchance d'avoir été prise en flagrant délit.

[début du chapitre 7, page 830 de l'édition Omnibus] 

Commentaire de l'auteur  
       [...] Ma première tentative d'humour dans le roman de S.-F.. C'était un livre très médiocre, mais, pour la première fois, on perçoit mon sens de l'humour dans un roman. [...] une tentative très, très sincère de montrer les tendances dangereuses du communisme, de l'Etat communiste... [...] tous les jours, ma babysitter me parlait de l'usine de tracteurs de Leningrad et des ses héroïques travailleurs.

[commentaire complet]

Publications françaises  
  • collection Contre-coup n° 8, Sagittaire, 1977, sous le titre Le détourneur [trad. Philippe LORRAIN et Baudouin PANLOUP]. ISBN: 2-72750-037-8
  • Livre de Poche n°7132, Librairie Générale Française, 1991. ISBN: 2-253-05656-1
  • in LA PORTE OBSCURE, collection Omnibus, Presses de la Cité, 1994. ISBN: 2-258-03699-2


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