Nouvelles de Philip K. Dick, 1953-1963

    Vous connaissez John Edward Yancy, ce vieux bonhomme qui passe souvent à la télé, sur Callisto, pour deviser de tout et de rien. Mais voici que des flics terriens débarquent. Ils cherchent à découvrir pourquoi leurs ordinateurs les ont prévenus d'une évolution du système politique de Callisto vers le totalitarisme. Il y'a un lien, bien sûr...

    Leon Sipling laissa échapper un gémissement et repoussa ses notes. Au sein d'une organisation qui employait un millier de personnes, il était le seul à être improductif. Sans doute était-il l'unique « yanceman » à ne pas faire son travail.

    Après l'orage nucléaire... comment survivre ? Pas de problème ! Tout a été prévu pour vous par le dernier gouvernement des Etats Unis. Des machines gigantesques et souterraines produisent tout ce dont vous avez besoin les livraisons sont très fréquentes, même s'il est extrêmement difficile de communiquer avec les robots qui assurent la livraison. Et même s'il s'avère impossible de demander aux machines de cesser d'épuiser les réserves naturelles de la planète. Seule solution : détruire ces machines, au risque de retourner à l'âge de pierre... s'il est possible de les détruire.

    Les trois hommes attendaient. La tension montait. Ils faisaient les cent pas.

    Louis Sarapis, le magnat de l'industrie, vient de mourir. Selon son désir, il va être ramené sous peu à la semi-vie. Mais la réanimation ne donne rien, et on découvre, venant de l'espace, la voix de Sarapis.

    Il y'avait une semaine que le corps de Louis Sarapis, dans un cercueil de plastique transparent, était exposé dans la salle où les visiteurs ne cessaient de défiler : visages éplorés, vieilles dames en habit de deuil, dans une ambiance de sanglots étouffés et de murmures.
    Dans un coin, John Barefoot attendait. Il n'était pas là pour voir le cadavre.

    C'est la grosse bagarre entre Naturalistes et Puristes. Qui va gagner les élections toutes proches et imposer sa vision de la société à l'autre camp ? Walsh refuse de prendre parti.

    Le monde allait sur les six heures du soir, la journée de travail était presque finie. Partout s'élevaient des essaims de disques de transport dont la masse dense s'enflait au-dessus de la zone industrielle pour se diriger vers les banlieues résidentielles. Les épaisses nuées de disques assombrissaient le ciel vespéral comme autant d'insectes nocturnes.

    Edna Berthelson est une dame agée qui tient une boutique. Elle a découvert un passage vers le futur : cela lui permet d'exploiter les survivants du cataclysme qui construisent une fusée pour quitter la Terre, en leur vendant les articles dont ils ont besoin au prix qu'elle a fixé.

    Samedi matin, vers onze heures, Mrs Edna Berthelson était prête à entreprendre son petit voyage. Celui-ci se reproduisait toutes les semaines et lui prenait quatre heures de son précieux temps professionnel ; mais elle le faisait toujours seule, préférant garder à son profit exclusif le fruit de sa découverte.
    Parce que c'était un incroyable coup de chance que cette trouvaille.

    Tout le monde se prépare à la guerre qui finira bien par arriver, et achète le dernier abri anti-radiations. Tout le monde, sauf le père de Mike Foster, qui est anti-P, prétendant que toute cette phobie est orchestrée afin que les citoyens consomment de plus en plus. Mais Mike est malheureux, différent des autres. Il lèche les vitrines des vendeurs d'abris.

    L'école était une torture, comme toujours. Mais c'était pire ce jour-là. Mike Foster finit de tresser ses deux paniers étanches et resta assis bien droit tandis qu'autour de lui les autres enfants continuaient leur travail.

    Parmi les trois jeux Ganymédiens, un jeu de guerre qui intrigue beaucoup l'Office Terrien d'Objets Importés. On se méfie beaucoup de Ganymède, et ce jeu, consistant en 12 soldats attaquant sans relâche une citadelle, selon une tactique sans cesse renouvelée, est beaucoup trop complexe pour ne pas cacher quelque chose.

    Dans son bureau à l'Office Terrien d'Objets Importés, l'homme de haute taille prit dans leur corbeille les mémos de la matinée, puis s'assit et les plaça en position de lecture. Il mit ses lentilles de contact et alluma une cigarette.
    « Bonjour », fit le premier mémo d'une petite voix jacassante, quand Wiseman commença à suivre du pouce la mince bande qui s'y trouvait collée.

    Une machine automatisée commet un meurtre en laissant des preuves matérielles compromettantes pour un humain bien particulier. Ca a l'air de marcher pour les flics. Mais un privé soupçonne quelque chose...

    La machine avait trente centimètres sur soixante de long et ressemblait à une très grosse boite à biscuits. Silencieusement et avec prudence, elle gravit le mur de béton de l'immeuble. Elle avait roulé jusque-là sur deux gros cylindres caoutchoutées et entamait à présent la première phase de son travail.

    Chacun peut être un mutant doté du pouvoir d'extérioriser ses hallucinations dans le monde, de modifier ainsi la réalité, et de menacer l'humanité normale. Aussi tout le monde comprend bien la nécessité des tests de détection des mutants, et chacun trouve normal d'abattre à vue
quelqu'un qui ne s'y soumettrait pas. Même Eggerton, le puissant industriel, qui a mis un tel système en place. Jusqu'au jour où on lui demande de passer ces tests...

    Lorsque Richards rentrait chez lui après son travail, il s'adonnait à une petite habitude secrète, une agréable série d'actions qui lui apportaient plus de satisfactions que sa journée interminable de dix heures à l'Institut du Commerce. Il jeta sa serviette sur une chaise, releva ses manches, se saisit d'un arrosoir plein de liquide fertilisant et ouvrit d'un coup de pied la porte de derrière. La lumière froide de la fin d'après midi l'accueillit et il foula avec difficulté le sol meuble, chargé
    d'humidité, du jardin, en direction de son cher trésor.

    La situation est très tendue sur les colonies centauriennes, qui ont pu faire sécession d'avec Terra grâce aux talents de ses Psis : le seul couple de Précogs se déchire à propos de leur fils qui ne montre aucune disposition Psi, les Télépathes se croient supérieurs à tout le monde, Grand Benêt, le Paracinétique pierre angulaire de leur défense, n'est qu'un attardé mental obèse.... Le monde serait-il vraiment meilleur avec des humains dotés de capacités supplémentaires ?

    Quand il pénétra dans l'appartement, un grand nombre de personnes menaient grand tapage sous des lumières flamboyantes. La cacophonie soudaine l'étourdit. Conscient des vagues de formes, de sons, d'odeurs, de taches obliques tridimensionnelles, mais essayant de regarder avec attention à travers et au-delà, il s'immobilisa dans l'entrée.

    Al rêve de reprendre son numéro de cruches musicales afin de le présenter à la Maison Blanche à Nicole, la Premiere Dame depuis des décennies...

    Les lumières brillèrent tard dans le grand immeuble d'appartements communautaire Abraham Lincoln, car c'était le soir de la Toussaint : leurs statuts obligeaient les résidents, six cents en tout, à être présents dans la salle commune souterraine. Ils entraient à la queue leu leu d'un bon pas, hommes, femmes et enfants ; à la porte, Bruce Corley, manipulant l'appareil plutôt onéreux qu'était leur nouveau lecteur d'identité, contrôlait chacun d'entre eux à tour de rôle afin de s'assurer que personne de l'extérieur, d'un autre immeuble d'appartements communautaire, ne pénétrait. Les résidents se soumettaient sans rechigner, et tout allait très vite.

    Slade choisit comme vacances de remonter dans le temps afin d'être la muse d'un artiste, en lui soufflant l'idée d'une oeuvre existante. Sa cible est un auteur de SF du milieu du XX° siècle, Jack Dowland.

    Dans les bureaux des Conseillers au Service militaire Concord, Jesse Slade regardait par la fenêtre la rue en contrebas et voyait tout ce qui lui était refusé de liberté, de fleurs et d'herbe, d'occasions de longues promenades sans encombres. Il soupira.
    « Excusez-moi, monsieur », marmonna le client de l'autre côté de son bureau d'un air contrit.

    Dans un univers dévasté par l'apocalypse nucléaire, l'humanité ne pourra plus produire tous ces objets qui forment notre confort quotidien, et même ses moyens de survie les plus élémentaires. Devrions-nous tout réapprendre ? Ou pourrons nous compter sur des êtres extraterrestres qui copieront ce que nous ne pouvons plus produire, dans leur infinie compassion envers une espèce menacée - l'homme ? Mais qu'adviendra-t-il lorsque ces répliques se mettront à fondre, à se diluer dans le néant ? Lorsque de tels bienfaiteurs titanesques commenceront à mourir ?

    Cendre, noire et désolée, recouvrant les deux côtés de la route. Monticules inégaux à perte de vue — vagues ruines d'immeubles, de villes,d'une civilisation toute entière. Débris à l'abandon d'une planète corrodée.

    Dans un futur hypothétique, les scientifiques vénèrent les « prescients » du XX° siècle : Asimov, Van Vogt, ... qui ont prévu et prédit le futur. Pour résoudre un de leurs problèmes, ils utilisent une sonde temporelle afin d'enlever un de ceux-ci : Poul Anderson.

    Ce matin-là, en rasant soigneusement son crâne jusqu'à ce qu'il brille, Aaron Tozzo évoquait une vision trop terrible pour être supportée. Il voyait en esprit les quinze condamnés de Nachbaren Schlager, hauts de trois centimères chacun, à bord d'un vaisseau qui avait les dimensions d'un ballon de baudruche. Le vaisseau, à une vitesse proche de celle de la lumière, filait vers l'éternité, et les hommes qui étaient à bord ne le savaient pas et ne s'en souciaent pas.

    Après le cataclysme, les mutants psi essayent de soulager les maux de l'humanité.

    C'était un homme d'âge moyen, maigre, la peau et les cheveux graisseux ; une cigarette tordue entre les dents, il tenait fermement de la main gauche le volant de sa voiture. Sa vieille estafette de surface se traînait bruyamment mais sans à-coups sur la bretelle de sortie, approchant du poste de garde qui marquait la fin du territoire de la communauté.
    « Ralentis, lui dit sa femme. Le garde est là-bas, assis sur cette pile de caisses. »

    Anderton a fondé et dirige depuis 30 ans Précrime, qui a permis, par l'emploi de précognitifs, de diminuer la criminalité majeure de 99,8% en arrêtant les individus AVANT qu'ils commettent leurs crimes. Un matin, Précrime prévoit qu'Anderton lui-même a l'intention d'assassiner quelqu'un qu'il n'a jamais rencontré...

    Lorsque Anderton vit le jeune homme sa première pensée fut: Je deviens chauve. Chauve, gros, vieux. Mais il ne le dit pas à haute voix.

    Les explorateurs sont de retour de Mars. Alors qu'ils s'attendent à être accueillis en héros, ils ne provoquent que panique et agressivité. Qu'est-ce qui cloche ?

    « Bon Dieu », s'étouffa Parkhurst, son visage rubicond cuisant d'excitation. « Venez ici, les gars. Regardez! »

    Un jeune homme se présente chez Courtland pour remettre en état son swibble. Courtland, lui, n'a jamais entendu parler d'un swibble. Pourtant le jeune homme agit comme si tout le monde en avait un, que le contraire fut impensable...

    Il serait bon d'expliquer à quelle tâche se livrait Courtland quand on sonna à sa porte.
    Dans son appartement tape-à-l'oeil de Leavenworth Street, surplombant la baie de San Francisco, David Courtland se penchait sur une série de rapports, un dossier représentant une semaine de données techniques résultant des tests de Mount Diablo. En tant que directeur des recherches pour les peintures Pesco, Courtland était concerné par la résistance comparée des divers revêtements fabriqués par sa compagnie.

    Le Bureau Centaurien de Renouveau Urbain arrive sur Terre 10 ans après l'Holocauste pour procéder à la reconstruction et traquer les fautifs. Mais dès qu'ils ont remis en état de marche l'homéojournal The New York Times, celui-ci les informe sur un mouvement étrange dirigé par Benny Cemoli. Or ces informations ne semblent pas concorder avec la réalité.

    Les trois garçons se précipitèrent en poussant des cris à travers la terre en friche quand ils virent la nef. Elle avait atterri exactement à l'endroit prévu et ils furent les premiers à l'atteindre.
    Le premier garçon s'arrêta et dit d'une voix haletante:

    Nous avons tous des phobies, mais tout le monde ne se confie pas à un psychanalyste. Mais tout les psychanalystes n'ont pas non plus affaire à des phobies névrotiques ne correspondant à aucun souvenir traumatique. Au fait, de quelles phobies peuvent bien souffrir les précogs ?

    L'analyste prit le premier la parole :
    — Je suis Humphrys, l'homme que vous êtes venu voir.
    Comme le visage du patient reflétait toujours angoisse et hostilité, Humphrys continua...

    La situation est tendue entre terriens et vénusiens. Et voilà qu'on découvre un vieillard, un vétéran de guerre, de la guerre entre la Terre et Vénus. Or cette guerre n'a pas eu lieu. Pas encore ?

    Assis sur un banc dans la chaleur du soleil éclatant, le vieil homme regardait aller et venir les passants.
    Le parc était soigné ; les pelouses luisaient d'un éclat humide sous la pluie de fines goutelettes qui jaillissaient d'une centaine de tuyaux de cuivre scintillants. Un robot jardinier en métal poli roulait çà et là, arrachant les mauvaises herbes et ramassant les détritus qu'il déposait dans sa boîte à ordures incorporée.