Aperçu de la vie de Philip K. Dick

Avertissement préalable

Cette biographie est une traduction de celle qui figurait dans la PKD FAQ. [Lien mort. Version WebArchive d'avril 1999]

Traduction et mise en forme effectuée par mes soins.
Avec l'aimable autorisation de son auteur : Joël Margot.
Une biographie plus complète est disponible ici.

     Né en 1928, Philip K. Dick est mort en 1982 (il suffit d'intervertir le 2 et le 8, un processus très phildickien!).
     Tout commence à Chicago, le 16 décembre 1928 : ce sont les premiers cris et les premiers pleurs de Philip Kindred and Jane Kindred Dick. Une insuffisance de soins de la part de leur mère Dorothy Kindred finit par provoquer la mort, 41 jours plus tard, de Jane (elle ne fut pas emmenée à temps à l'hôpital, pour des raisons financières). Cela conduit Phil a développer inconsciemment un complexe de culpabilité et on peut sans doute comprendre un peu pourquoi il était en colère contre ses parents. Jane apparaît d'ailleurs plus tard dans beaucoup d'oeuvres de Dick. Le père de Phil, Joseph Edgar Dick, est fonctionnaire, et son boulot est vraiment génial : il consiste à trancher la gorge des cochons. Sa mère censure les textes officiels de porte-paroles du gouvernement. Ici aussi, quels furent les sentiments du jeune Dick concernant ses parents ? La censure est une des caractéristiques principales de l'oeuvre de Philip K. Dick : la distinction entre la vérité et le mensonge, le réel et l'imaginaire.

     En 1930, ils partent pour Berkeley (Californie). Ses parents divorcent en 1932, et trois ans plus tard sa mère et lui déménagent à Washington D.C. Retour à Berkeley en 1938. En 40, 42 et 43, ils déménagent, mais toujours dans la région. Phil laisse ses amis l'appeler Jim Dick. Il entre à l'école Hillside, dans le nord de Berkeley. Son originalité l'y rend très populaire. Sa relation avec sa mère était très distante, presque froide. Phil écrit quelques petits poèmes, et des textes courts. Il est déjà lecteur, à 13 ans, d'Astounding et Unknown, deux magazines de SF publiés à cette époque par le célèbre John W. Campbell. Dans ces périodiques, il lit Asimov et Heinlein, par exemple ; sans oublier Van Vogt, dont l'influence sur Dick est certaine (voir LOTERIE SOLAIRE). À 14 ans, il écrit son premier roman (hélas perdu) appelé 'Return to Liliput' (Retour à Liliput) (fortement influencé par Swift).

     Aux alentours de 1944-46, il subit un traitement psychiatrique poussé contre l'agoraphobie et quelques autres troubles psychologiques. Il entre à la Berkeley High School en 1944. À 18 ans, il quitte l'appartement maternel, dans lequel il vivait depuis le divorce de ses parents. Il partage alors un appartement avec des artistes et des poètes homosexuels ; il voulait probablement ainsi prouver à sa mère qu'il pouvait se débrouiller seul, car l'homosexualité ne l'attire pas. D'ailleurs, il déménage vite pour une petite mansarde, toujours à Berkeley, bien sûr. A ce moment-là, il souffre de tachycardie. Il devient rapidement dépendant des médicaments qu'on lui prescrit.

     En 1947, il obtient son diplôme de fin d'études, et travaille dans un magasin de vente et réparation de téléviseurs (qui vend aussi des disques). La musique demeurera sa grand passion : elle reste omniprésente à travers son oeuvre. En septembre 1949, après avoir déménagé dans un vrai appartement (pas une mansarde), il s'inscrit à l'Université de Californie à Berkeley et étudie l'allemand et la philosophie. Au mois de mai 1948, Dick épouse Jeanette Marlin, divorçant aussitôt six mois après, il ne l'a jamais revue. Il rencontre sa deuxième femme, Kleo Apostolides, étudiante à Berkeley, en 1949 et l'épouse en juin 1950. Kleo a trois ans de moins que Phil, elle a donc 19 ans. La maison dans laquelle ils s'établissent est pleine de souris, ce qui explique le grand nombre de chats que l'on voyait à cette époque au 1126 Francisco Street à Berkeley.

     Au sujet des lectures de Dick, il admire des auteurs variés et aussi différents que H.P. Lovecraft et Fredric Brown, et il lit encore beaucoup de Van Vogt. À 24 ans, il débute dans la carrière littéraire, sans agent; ce qui signifie qu'il utilise la poste pour tenter de placer ses nouvelles du mieux possible. Sa santé s'améliore.

     À la fin de 1951, il donne sa démission du magasin de disques. En juin 1952, un certain Scott Meredith de New York accepte d'être son agent littéraire. 1952 est l'époque des découvertes : Herbert, Sheckley, Farmer, Aldiss, Silverberg, Vonnegut et beaucoup d'autres. En 1954, alors que Dick vient de finir le manuscrit de son premier roman publié, LOTERIE SOLAIRE, lui et sa femme rencontrent Poul et Karen Anderson ; ils resteront bons amis. Précisons que l'argent est denrée rare chez les Dicks dans les années 50. Une anecdote : à cette époque, les Dicks furent contactés par des agents du FBI, qui voulaient qu'ils aillent étudier au Mexique et soient leurs informateurs là-bas. Ils refusèrent pour des raisons d'éthique.

     Entre 1951 et 1958, notre auteur écrit et vend environ 80 nouvelles ! En 1954, Dick rencontre Van Vogt à la SF WorldCon (convention SF) de San Francisco. Entre 1950 et 1960, il écrit 11 romans de pure fiction, mais n'en vend aucun, comme tu le sais. Ayant vendu en 1955 LOTERIE SOLAIRE à Ace Books, qui publie des livres de poche depuis deux ans, il parvient à écrire 4 romans en 1954 et 1955. Soulignons l'influence de Van Vogt, mais aussi celle de Vonnegut avec son PIANISTE DECHAINE (1952).

     Approchant la trentaine, Dick et sa femme Kleo quittent Berkeley pour Point Reyes, dans le Marin County, Californie. Marin County (le Comté de Marin) apparait dans beaucoup de romans 'mainstream' (non SF) de Dick. Il y rencontre Anne Williams Rubinstein, née en 1927 à Saint Louis. Cinq mois après leur déménagement à Point Reyes, en 1958, Phil et Kleo divorcent ; il épouse Anne presque immédiatement après. Anne a déjà trois enfants. A partir de 1959, Dick se laisse pousser la barbe. Le 25 février 1960, Dick devient le père d'une fille nommée Laura Archer (Archer est aussi un nom très présent dans son oeuvre). On prétend que la première chose qu'il dit après la naissance fut du genre « Et voilà pour Jane! ». Quand, dans les années 50, Dick écrit sa douzaine de romans 'mainstream', c'était probablement pour se situer dans le genre littéraire 'mainstream', très en vogue à cette période. Aucun ne se vend et ils lui sont retournés en 1963. Ce n'est qu'en 1975 qu'un petit éditeur publiera CONFESSIONS D'UN BARJO.

     Au début des années 50, il souffre de dépressions nerveuses de plus en plus graves. Elles sont dues aux amphétamines qu'il prend pour tenir sa cadence de soixante pages par jour ; cadence nécessaire pour ne pas mourir de faim. Il reçoit le prix Hugo (en souvenir d'Hugo Gernsback, fondateur du magazine AMAZING) en 1963 pour LE MAITRE DU HAUT-CHATEAU. À partir de la fin 1963, son mariage commence à battre de l'aile, pour s'effondrer réellement en 1964. La même année, il rencontre Nancy Hackett, 21 ans, fragile, qui sort d'une dépression nerveuse. Ils démenagent à San Raphael et se marient en 1966. Une fille, Isa (abréviation d'Isolde), leur naît en 1967, avant qu'ils déménagent à Santa Venetia.

     Le besoin d'amphétamines de Dick ne faiblit pas, ni ses longues dépressions. Un séjour à l'hopital pour une maladie du pancréas qui lui coûte presque la vie précède le départ de Nancy et Isa en 1970. C'est vraiment la période noire dans la vie de Dick; il est profondément désespéré. Dick invite des drogués chez lui pour combler le vide de sa maison de Santa Venetia. Il tombe néanmoins amoureux d'un FILLE AUX CHEVEUX NOIRS appelée Kathy Demuelle.

     Le 17 novembre 1971, quelqu'un cambriole sa maison. Il est convaincu qu'il s'agit de la CIA. Cet événement troublant est le point de départ de sa paranoïa, en effet aucun objet de valeur n'a disparu, mais des denrées périssables ; cela ressemble plus à une opération militaire qu'à un vulgaire cambriolage, sans faire mention de son coffre ouvert aux explosifs !

     A cette époque (1972), il rencontre K.W. Jeter et Tim Powers au Cal-State à Fullerton; ils assistent à une conférence donnée par un professeur de littérature nommé John Schwarz.

     L'année suivante, il reçoit beaucoup de menaces téléphoniques. Il se met à l'abri au Canada, sans Kathy. C'est là qu'il prononce sa fameuse conférence, L'ANDROIDE ET L'HUMAIN, à Vancouver, d'abord à l'Université de la Colombie Britannique, puis un jour ou deux après, comme discours d'Invité d'Honneur à la deuxième convention de Science Fiction annuelle de Vancouver ; et il rencontre une autre FILLE AUX CHEVEUX NOIRS appelée Jamis. De retour en Californie, il réside à Fullerton où il rencontre d'abord Linda, puis Tessa Busby, qu'il épouse le 18 avril 1973. Un fils, Christophe, naîtra de cette union la même année. En 1975, il reçoit le prix John W. Campbell Memorial pour COULEZ MES LARMES, DIT LE POLICIER.

     C'est à ce moment que Dick vit l'une des expériences mystiques qui expliquent la nature quasi-divine de ses derniers romans. Sa dernière conférence a lieu à Metz en 1977. Il meurt en 1982 à l'hopital, d'un arrêt du coeur, laissant un roman inachevé, THE OWL IN THE DAYLIGHT (La chouette dans la lumière du jour).



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