Né en 1928, Philip K. Dick est mort
en 1982 (il suffit d'intervertir le 2 et le 8, un processus très
phildickien!).
Tout commence à Chicago, le 16
décembre 1928 : ce sont les premiers cris et les premiers pleurs de
Philip Kindred and Jane Kindred Dick. Une insuffisance de soins de la part de
leur mère Dorothy Kindred finit par provoquer la mort, 41 jours plus tard,
de Jane (elle
ne fut pas emmenée à temps à l'hôpital, pour des raisons financières).
Cela conduit Phil a développer inconsciemment un complexe de culpabilité
et on peut sans doute comprendre un peu pourquoi il était en colère contre
ses parents. Jane apparaît
d'ailleurs plus tard dans beaucoup d'oeuvres de Dick. Le père de Phil,
Joseph Edgar Dick, est fonctionnaire, et son boulot est vraiment
génial : il consiste à trancher la gorge des cochons. Sa mère
censure les textes officiels de
porte-paroles du gouvernement. Ici aussi, quels furent les sentiments du
jeune Dick concernant ses parents ? La censure est une des
caractéristiques principales de l'oeuvre de Philip K. Dick : la
distinction entre la vérité et le mensonge, le réel et l'imaginaire.
En 1930, ils partent pour Berkeley
(Californie). Ses parents divorcent en 1932, et trois ans plus tard sa mère
et lui déménagent à Washington D.C. Retour à Berkeley en 1938. En 40, 42 et
43, ils déménagent, mais toujours dans la région. Phil laisse ses amis
l'appeler Jim Dick. Il entre à l'école Hillside, dans le nord de Berkeley. Son
originalité l'y rend très populaire. Sa relation avec sa mère était très
distante, presque froide. Phil écrit quelques petits poèmes, et des textes
courts. Il est déjà lecteur, à 13 ans, d'Astounding et
Unknown, deux magazines de SF publiés à cette époque par le célèbre
John W. Campbell. Dans ces périodiques, il lit Asimov et Heinlein, par
exemple ; sans oublier Van Vogt, dont l'influence sur Dick est certaine
(voir LOTERIE SOLAIRE). À
14 ans, il écrit son premier roman (hélas perdu) appelé 'Return to Liliput'
(Retour à Liliput) (fortement influencé par Swift).
Aux
alentours de 1944-46, il subit un traitement psychiatrique poussé contre
l'agoraphobie et quelques autres troubles psychologiques. Il entre à la
Berkeley High School en 1944. À 18 ans, il quitte l'appartement
maternel, dans lequel il vivait depuis le divorce de ses parents. Il partage
alors un
appartement avec des artistes et des poètes homosexuels ; il voulait
probablement ainsi prouver à sa mère qu'il pouvait se débrouiller seul,
car l'homosexualité ne l'attire pas. D'ailleurs, il déménage vite pour
une petite mansarde, toujours à Berkeley, bien sûr. A ce moment-là, il
souffre de tachycardie. Il devient rapidement dépendant des médicaments
qu'on lui prescrit.
En 1947, il obtient son diplôme de
fin d'études, et travaille dans un magasin de vente et réparation de
téléviseurs (qui vend
aussi des disques). La musique demeurera sa grand passion : elle reste
omniprésente à travers son oeuvre. En septembre 1949, après avoir déménagé
dans un vrai appartement (pas une mansarde), il s'inscrit à l'Université de
Californie à Berkeley et étudie l'allemand et la philosophie. Au mois de mai
1948, Dick épouse Jeanette Marlin, divorçant aussitôt six mois après, il ne
l'a jamais revue. Il rencontre sa deuxième femme, Kleo Apostolides,
étudiante à Berkeley, en 1949 et l'épouse en juin 1950. Kleo a trois ans de
moins que Phil, elle a donc 19 ans. La maison dans laquelle ils
s'établissent est pleine de souris, ce qui explique le grand nombre de
chats que l'on voyait à cette époque au 1126 Francisco Street à Berkeley.
Au sujet des lectures de Dick, il
admire des auteurs
variés et aussi différents que H.P. Lovecraft et Fredric Brown, et il lit
encore beaucoup de Van Vogt. À 24 ans, il débute dans la carrière
littéraire, sans agent; ce qui signifie qu'il utilise la poste pour tenter
de placer ses nouvelles du mieux possible. Sa santé s'améliore.
À la fin de 1951, il donne sa
démission du magasin de disques. En juin 1952, un certain Scott Meredith de
New York accepte d'être son agent littéraire. 1952 est l'époque des
découvertes : Herbert, Sheckley, Farmer, Aldiss, Silverberg, Vonnegut
et beaucoup d'autres. En 1954, alors que Dick vient de finir le manuscrit de
son premier roman publié, LOTERIE
SOLAIRE, lui et sa femme rencontrent Poul et Karen Anderson ; ils
resteront bons amis. Précisons que l'argent est denrée rare chez les Dicks
dans les années 50. Une anecdote : à cette époque, les Dicks furent
contactés par des agents du FBI, qui voulaient qu'ils aillent étudier au
Mexique et soient leurs informateurs là-bas. Ils refusèrent pour des raisons
d'éthique.
Entre 1951 et 1958, notre auteur
écrit et vend environ 80 nouvelles ! En 1954, Dick rencontre Van Vogt
à la SF WorldCon (convention SF) de San Francisco. Entre 1950 et 1960, il
écrit 11 romans de pure fiction, mais n'en vend aucun, comme tu le
sais. Ayant vendu en 1955 LOTERIE
SOLAIRE à Ace Books, qui publie des livres de poche depuis deux ans,
il parvient à écrire 4 romans en 1954 et 1955. Soulignons l'influence de Van
Vogt, mais aussi celle de Vonnegut avec son PIANISTE DECHAINE (1952).
Approchant la trentaine, Dick et sa
femme Kleo quittent Berkeley pour Point Reyes, dans le Marin County,
Californie. Marin County (le Comté de Marin) apparait dans beaucoup de
romans 'mainstream' (non SF) de Dick. Il y rencontre Anne Williams
Rubinstein, née en 1927 à Saint Louis. Cinq mois après leur déménagement à
Point Reyes, en 1958, Phil et Kleo divorcent ; il épouse Anne presque
immédiatement après. Anne a déjà trois enfants. A partir de 1959, Dick se
laisse pousser la barbe. Le 25 février 1960, Dick devient le père d'une
fille nommée Laura Archer (Archer est aussi un nom très présent dans son
oeuvre). On prétend que la première chose qu'il dit après la naissance fut
du genre « Et voilà pour Jane! ». Quand, dans les années 50,
Dick écrit sa douzaine de romans 'mainstream', c'était probablement pour se
situer dans le genre littéraire 'mainstream', très en vogue à cette
période. Aucun ne se vend et ils lui sont retournés en 1963. Ce n'est
qu'en 1975 qu'un petit éditeur publiera CONFESSIONS D'UN BARJO.
Au début des années 50, il souffre
de dépressions nerveuses de plus en plus graves. Elles sont dues aux
amphétamines qu'il prend pour tenir sa cadence de soixante pages par
jour ; cadence nécessaire pour ne pas mourir de faim. Il reçoit le prix
Hugo (en souvenir d'Hugo Gernsback, fondateur du magazine AMAZING) en 1963
pour LE MAITRE DU
HAUT-CHATEAU. À partir de la fin 1963, son mariage commence à
battre de l'aile, pour s'effondrer réellement en 1964. La même année, il
rencontre Nancy Hackett, 21 ans, fragile, qui sort d'une dépression
nerveuse. Ils démenagent à San Raphael et se marient en 1966. Une fille, Isa
(abréviation d'Isolde), leur naît en 1967, avant qu'ils déménagent à Santa
Venetia.
Le besoin d'amphétamines de Dick ne
faiblit pas, ni ses longues dépressions. Un séjour à l'hopital pour
une maladie du pancréas qui lui coûte presque la vie précède le départ de
Nancy et Isa en 1970. C'est vraiment la période noire dans la vie de Dick;
il est profondément désespéré. Dick invite des drogués chez lui pour
combler le vide de sa maison de Santa Venetia. Il tombe néanmoins amoureux
d'un FILLE AUX CHEVEUX NOIRS appelée Kathy Demuelle.
Le 17 novembre 1971, quelqu'un
cambriole sa maison. Il est convaincu qu'il s'agit de la CIA. Cet événement
troublant est le point de départ de sa paranoïa, en effet aucun objet de
valeur n'a disparu, mais des denrées périssables ; cela ressemble plus
à une opération militaire qu'à un vulgaire cambriolage, sans faire mention
de son coffre ouvert aux explosifs !
A cette époque (1972), il rencontre
K.W. Jeter et Tim Powers au Cal-State à Fullerton; ils assistent à une
conférence donnée par un professeur de littérature nommé John Schwarz.
L'année suivante, il reçoit
beaucoup de menaces téléphoniques. Il se met à l'abri au Canada, sans
Kathy. C'est là qu'il prononce sa fameuse conférence, L'ANDROIDE ET
L'HUMAIN, à Vancouver, d'abord à l'Université de la Colombie Britannique,
puis un jour ou deux après, comme discours d'Invité d'Honneur à la deuxième
convention de Science Fiction annuelle de Vancouver ; et il rencontre
une autre FILLE AUX CHEVEUX NOIRS appelée Jamis. De retour en Californie, il
réside à Fullerton où il rencontre d'abord Linda, puis Tessa Busby, qu'il
épouse le 18 avril 1973. Un fils, Christophe, naîtra de cette union la même
année. En 1975, il reçoit le prix John W. Campbell Memorial pour COULEZ MES LARMES, DIT
LE POLICIER.
C'est à ce moment que Dick vit
l'une des expériences mystiques qui expliquent la nature quasi-divine de ses
derniers romans. Sa dernière conférence a lieu à Metz en 1977. Il meurt en
1982 à l'hopital, d'un arrêt du coeur, laissant un roman inachevé, THE OWL
IN THE DAYLIGHT (La chouette dans la lumière du jour).
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Mis à jour le 6 novembre 2005
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