Canada Dick

        Une liste d'oeuvres qui m'ont semblé avoir été de plus ou moins loin inspirés par Dick ou traitant DU thème dickien (essentiellement la réalité truquée, accessoirement la définition de l'humain). Bref, on peut supposer que sans Dick, ces oeuvres n'eussent généralement pas été créées, ou très différemment. Pour ceux qui veulent continuer l'aventure...
Toute suggestion est la bienvenue pour compléter cette page !
ROMANS NOUVELLES FILMS


Romans

 Simulacron III, de Daniel F. GALOUYE (1963)

Couverture Galouye (Simulacron III) J'Ai Lu no 778, 1964. ISBN : 2-290-00778-1.

        Un homme disparaît soudain du fauteuil où il était assis. Aussitôt, ses amis, ses collègues oublient jusqu'à son existence ; un dessin disparaît tout aussi brutalement de la table où il était posé ; une route, un paysage s'effacent subitement devant une voiture. En revanche, une jeune femme apparaît, mystérieusement...
        Ces événements, seul un homme semble en avoir conscience : Douglas Hall, l'assistant de Hannon Fuller, l'inventeur du Simulateur d'environnement total Simulacron 3. Fuller est mort ; accident selon les dirigeants de la REACO, la puissante société qui doit exploiter à son profit la fabuleuse machine destinée à supplanter les Sondeurs de réactions publiques ; assassinat selon Hall.
        Mais qui aurait tué Fuller ?

[Quatrième de couverture]

Extrait (page 57) :

        J'attendis que le flot de paroles soyeuses reprenne mais n'entendis que le bruit régulier de sa respiration. Elle s'était endormie. Sur ses joues brillaient des petites rivières de mercure.
        Oui, exactement comme moi, elle fuyait quelque chose. Mais bien que partageant peut-être le même désespoire, nous ne pouvions communiquer car, pour quelque incompréhensible raison, elle désirait qu'il en fût ainsi.
        La voiture montait une colline, révélant dans la lumière de ses phares un paysage que je n'avais encore jamais vu.
        Au sommet de la colline, une terreur galciale me paralysa. J'écrasai le frein, et le véhicule s'arrêta en quelques mètres, en douceur.
        Jinx changea de position sans me réveiller.
        Je restai alors assis, les yeux fixés droit devant moi, pendant un temps qui sembla durer une éternité.
        À une centaine de mètres plus loin, la route s'achevait brusquement. Au delà, le paysage s'interrompait net, comme tranché au couteau ! De chaque côté du ruban d'asphalte, la terre elle-même sombrait dans une impénétrable barrière de ténèbres absolues.
        Il n'y avait rien derrière cette barrière. Rien, pas même de lune ni d'étoiles — rien que le néant à l'intérieur du néant, tel qu'on doit le trouver au plus lointain de l'infini.


Remarques :

        Ce livre, ayant été écrit en 1963, pourrait être qualifié de « pré-dickien ».
        Adapté en 1999 au cinéma par Josef RUSNAK (qui m'est inconnu, par contre un des producteurs est Roland EMMERICH, oui, le réalisateur de Stargate, de Independance Day, de Godzilla, aïe aïe aïe !), sous le titre Passé virtuel. J'en parle dans la section des films dickiens.
        Merci à Philippe Hennebert de nous avoir signalé, sur la liste PKD francophone, que ce livre avait déjà été adapté, en téléfilm, par Werner FASSBINDER en 1974, sous le titre « Welt am Draht » dont voici la fiche sur l'Internet Movie DataBase.


 

L'autre côté du rêve, d'Ursula LE GUIN (1971)

Couverture Le Guin (The lathe of heaven, traduction : Henry-Luc PLANCHAT) Pocket SF no5178, 1984 (épuisé).ISBN : 2-266-01388-2. (Suggéré sur la liste PKD anglophone.)

        Une fois au lit, on fait l'amour. L'amour ne se contente pas de demeurer là, comme une pierre, il faut le faire, comme le pain ; le refaire tout le temps, le renouveler. Et quand c'est fait, on reste allongés dans les bras l'un de l'autre, on retient son amour, on s'endort. Et on rêve. Tout le problèmé, c'est que George Orr, au réveil, s'aperçoit que ses rêves ont le pouvoir de changer le monde ; et chaque monde nouveau implique un nouveau passé (y compris le nôtre, à l'occasion). Pourquoi ? Parce que tout rêve, même les pierres ; et que nos vies sont des rencontres de rêveur et des échanges de rêves. De cauchemars aussi, quelquefois. Le monde alors devient affreux, se peuple de guerres atomiques et d'invasions extra-terrestres. Il faut maîtriser le fantastique pouvoir de George Orr. Et le meilleur moyen, sans doute, serait qu'il apprenne à se maîtriser lui-même.

[Quatrième de couverture]

Remarques :
        On peut lire la critique de Philippe CURVAL dans sa Petite chronique de nuit parue dans le no 135-136 (août-sept. 1975) de Galaxie.
        Prix Locus 1972.

 

La trilogie chronolytique, de Michel JEURY :
Le temps incertain (1973)
Les singes du temps (1974)
Soleil chaud poisson des profondeurs (1976)

Couverture Jeury/Temps incertain Livre de Poche nos 7118 et 7165 et Pocket SF nos 5130. ISBN : 2-253-05141-X, 2-253-07165-X et 2-266-01112-X (certains semblent épuisés)

        2039. Voici venu le temps des hypersystèmes. C'est la lutte finale pour la domination du genre humain. Entre Dunn et Lunar, l'humanité va connaître l'unité annoncée par les prophètes. Shri Asanab Van Varagan, numéro 3 de l'Ecosénat, pourra-t-il l'empêcher ? Pendant que le syndrôme psychiatrique Soleil chaud poisson des profondeurs fait des ravages dans toutes les castes de la population et que, aux portes de l'empire, les cavaliers de Malek Ozoungaria attendent les premiers signes de déconfiture pour donner l'assaut à l'hôpital Garichankar, puis au monde tout entier...

[Quatrième de couverture de Soleil chaud poisson des profondeurs]


Remarques :

        Sous réserve, je ne les ai pas (encore) lus.
        Fais-toi une idée en attendant avec la critique de Philippe CURVAL dans sa Petite chronique de nuit parue dans le no 149 (novembre 1976) de Galaxie, ou ce qu'en dit Stan BARETS dans Le Science-Fictionnaire : Ces trois romans, qui, comme l'écrit Gérard KLEIN, « ont leur place sur le premier rayon de la S.-F. à côté de Ubik de P.K. Dick et de Tous à Zanzibar de John BRUNNER », sont l'oeuvre d'un écrivain incontestable. Servis par une écriture et une vision parfaitement originales, ils brossent en trois tableaux le portrait hallucinant et prophétique d'un futur proche, univers de la psychiatrie et des hypersystèmes où l'individu dérive, le long des perceptions déformées par des drogues chronolytiques, à la recherche des causes de son altération.
        Parution initiale chez Laffont, collection Ailleurs & Demain.

Couverture Jeury/Singes du temps
Couverture Jeury/Soleil chaud poisson des profondeurs


 

Mais si les papillons trichent, de Pierre SURAGNE (1974)

Couverture Suragne Fleuve Noir Anticipation, no 612, 1974 (épuisé)
Fleuve Noir Super-Luxe « Les lendemains retrouvés » no 123, 1982 (épuisé).
Suggéré par Pierre-Paul DURASTANTI.

        Soyez heureux et fiers, car vous êtes citoyen de l'Union Fasciste des États d'Amérique !
        Votre pays est le seul, et le plus grand. Il détient le plus faible pourcentage d'Anormaux au monde ! Soyez heureux et fier ! Même vous, Price Mallworth, prêtre de la Nouvelle Religion Catholique Éclairée, pour la paroisse 16 de Tucumcari !
        Même si vous vous plaignez de tendances marquées à l'asthénie, même si votre promise a des troubles de mémoire, et confond le temps... même si elle s'imagine que vous êtes déjà unis depuis des années...
        Et si cela vous arrive de quitter ce monde par moments, sans comprendre comment ni pourquoi... ne cherchez pas, Price Mallworth. Vous n'êtes pas de taille... Et les Dieux ne sont pas ceux que l'on imagine...

[Quatrième de couverture]

Extrait (chapitre III, page 49) :

        La rue était large et grise, et Price se trouvait planté au milieu.
— Dieu Nouveau ! murmura-t-il atterré. Qu'est-ce qui m'arrive ?
        « Cela » s'était passé en un quart de seconde, de façon tout à fait incompréhensible. L'instant d'avant, il se trouvait dans cette rue de la paroisse 16 de Tucumcari, en route vers son église, et à présent...
        Un sursaut de révolte instinctive traversa son esprit. Il dit, à haute voix :
— Ce n'est pas possible. Je suis en train de rêver...
        Mais il savait déjà, tout au fond de lui-même, qu'il ne rêvait point. Que quelque chose de réellement stupéfiant venait de se produire.
        Avant que la peur ne le gagne tout à fait, il laissa courir son regard alentour. Goulûment.
        Et plus il regardait, enregistrant visuellement les détails effarants du paysage, plus il sentait monter en lui la certitude tout à fait aberrante de ne plus se trouver à Tucumcari. Ni même peut-être en U.F.E.A.
        La rue ne ressemblait à rien de connu. Jamais, au cours de ses voyages, il ne s'était trouvé en pareil endroit. Pas plus que les films documentaires ne laissaient dans sa mémoire un souvenir précis qui se puisse juxtaposer à cette réalité.
        Réalité ?
        Dieu Nouveau ! oui... c'était bel et bien une réalité. Ne serait-ce que cette pluie, ce crachin postillonnant et froid...


Remarques :

        Le titre fait référence à la fameuse phrase taoïste : « Un homme rêve qu'il est un papillon. Quand il s'éveille, il ne se souvient pas s'il est un homme qui a rêvé qu'il était un papillon, ou s'il est un papillon qui rêve maintenant qu'il est un homme. »
        Influence claire de Dick, le point de vue passe de celui de Price à celui de sa femme Natcha, Price oscille entre deux réalités, critique des psys, etc.



 

La vie comme une course de char à voiles, de Dominique DOUAY (1978)

Couverture Douay Dimensions SF, Calmann-Lévy, 1978 (épuisé) ISBN : 2-7021-0283-2. Suggéré par Pierre-Paul DURASTANTI.

        Dans le cadre des îles anglo-normandes, qu'un dôme protègé d'obscures menaces extérieures, François Rossac, mène une existence privilégiée. L'argent, les filles, la gloire : tout lui glisse des mains avec facilité. Dans sa catégorie — le char à voiles de compétition — il est le meilleur.
        Trop beau pour être vrai : cet univers paresseux s'effrite sous les yeux de Rossac. C'est d'abord une piste dont il ne reconnaît pas le tracé, des scènes dont ses amis n'ont aucun souvenir, un subtil changement du décor quotidien, de mystérieux personnages qui semblent surgir de son passé pour lui arracher un aveu...
        Le monde est une peau de chagrin, constate Rossac qui doit, seul, partir à la découverte de la réalisté. Mais comment distinguer la vérité de l'illusion, dans cette société de l'an 2000 qui paraît livrée tour à tour aux généraux, aux sectes millénaristes, aux sociétés multinationales ?
        Qui est Rossac ? Un schizophrène, un manipulateur, ou un rêveur qui lentement s'éveille à une étrange réalité ?

[Quatrième de couverture]

Extrait (page 48) :

        Le sourire affiché par Julie se mua en une grimace de perplexité.
« Je ne sais pas. Bon sang, mais qu'est-ce qui s'est passé ?
— Je l'ignore autant que toi. Il respira un grand coup, se leva. Tu viens ? Le mieux est de s'en rendre compte par nous-mêmes... » L'espace d'une seconde, elle parut hésiter, puis se décida et suivit François. Ils franchirent le porche. A première vue, tout semblait normal. Mais, alors qu'ils se dirigeaient vers l'endroit où ils avaient laissé la moto, une impression d'étrangeté tourmenta le jeune homme. Ce n'est qu'au moment où il démarrait qu'il comprit qu'il n'avait jamais réellement vu l'avenue sous cet aspect. Même au coeur des heures les plus creuses de la nuit, il y avait toujours des groupes de touristes qui apportaient un peu d'animation. Et pourtant, à cet instant, aussi loin que son regard portât, il ne voyait personne. L'avenue paraissait rigoureusement déserte. Les bars et les boutiques brillaient de tous leurs feux comme à l'habitude, mais les uns et les autres étaient vides, sans exception. Ni clients, ni serveurs, ni vendeurs. La certitude naquit en lui qu'il pourrait entrer dans n'importe quel magasin, emporter ce que bon lui semblait sans que personne ne vînt s'y opposer.
        L'avenue n'était qu'un gigantesque décor planté là par un metteur en scène dément.
        Un décor planté là pour moi... Merde, ça ressemble à de la paranoïa ou je ne m'y connais pas ! N'empêche que c'est la deuxième fois en vingt-quatre heures que l'absurde s'introduit dans ma vie, fait vaciller ce monde que j'étais en droit de considérer comme connu, intangible... Et, comme hier, je demeure le seul capable de distinguer réellement cette absurdité, le seul à garder assez de forces pour réagir, le seul aussi à me souvenir de ces aberrations. Julie, comme tous les autres acteurs de cette cérémonie incompréhensible, a sans doute déjà tout oublié. D'ailleurs, si cette avenue n'était pas aussi déserte, s'il se pré- sentait quelqu'un, je sais que je n'aurais même pas le courage de m'arrêter, de l'interroger, de le forcer à se souvenir. Parce que, tout au fond de moi, je préfère croire que ces aberrations ne touchent pas vraiment la réalité, qu'elles concernent seulement la perception que j'ai du monde. A tout prendre, il est plus facile d'admettre sa propre déviance mentale. Penser que l'univers tout entier sombre dans la folie... Jusqu'où cela m'entraînerait-il ?


Remarques :

        On peut lire la critique de Philippe CURVAL dans sa 5ème Chronique du temps qui vient parue dans le no 6 (décembre 1978) de Futurs.
        Voir aussi, du même auteur, la nouvelle L'oberlieutenant, Géronimo et les trompettes de l'Apocalypse (in Pardonnez-nous vos enfances, anthologie dirigée par Denis GUIOT, Présence du Futur no 250, Denoël, 1978), qui est située dans un univers proche de celui du présent roman.
        Plus généralement, il est bon de signaler que DOUAY est un auteur qui a beaucoup traité le thème de la réalité. Voir par exemple Dori et la suite ou certaines des autres nouvelles du recueil Le monde est un théâtre (Présence du Futur no 331, Denoël, 1982).



 

Requiem pour Philip K. Dick, de Michael BISHOP (1987)

Couverture Bishop réédition poche Couverture Bishop édition originale (Philip K. Dick is dead, alas !, traduction : Paul VILLON, Présences, Denöel, 1997. ISBN : 2-207-24551-9
Réédité en poche (Folio SF no 86) en février 2002.

Hélas, Philip K. Dick n'est plus
Dieu va prendre mon pied au cul

        Tels sont les vers qui viennent à l'esprit de Cal Pickford en ce mois de mars 1982 lorsqu'il apprend la mort de son écrivain préféré.
        Mais ce Philip K. Dick qui s'est fait une réputation dans le domaine de la littérature générale avant de se lancer dans la science-fiction, se heurtant du coup au refus de tous les éditeurs, n'est pas tout à fait celui que nous connaissons. Pas plus que cette année 1982 n'appartient à notre histoire. Dans cet univers parallèle, les États-Unis ont remporté une victoire éclatante au Vietnam et installe une base sur la Lune. Nixon, que l'on surnomme volontiers Richard Ier, en est à son quatrième mandat... Et Dick, visité par un mystérieux « démiurge », réapparaît sous divers avatars.
        Sa mission : exorciser les démons qui habitent Nixon, supprimer cet univers pour tenter de lui en substituer un pus viable...

        Inutile d'avoir une connaissance approfondie de la vie et de l'oeuvre du « héros » mis en scène : au-delà du brillant pastiche, à la fois tendre et drôle, on se prend à savourer ici un authentique roman dickien qui serait resté inédit !

[Quatrième de couverture]



 

Un homme nommé Chaos, de Jonathan LETHEM (1995)

Couverture Lethem (Amnesia moon, traduction : Francis KERLINE) J'Ai Lu no 4563, 1997.ISBN : 2-290-04563-2. (Suggéré sur la liste PKD anglophone.)

        Y a-t-il quelqu'un qui se souvienne ?
        C'est l'amnésie générale à Hatfork et à Petite-Amérique, dans le désert du Wyoming. On croit se rappeler qu'une catastrophe s'est produite, il y a quelques années. Mais quand, au juste ?
        Et si c'était une légende ? Ou une gigantesque arnaque mitonnée par Kellogg pour justifier le rationnement alimentaire ? Kellog, le dictateur local qui impose sa loi en contrôlant les rêves nocturnes de ses concitoyens...
        Pour Chaos, un seul moyen de le savoir : fuir, aller voir ailleurs.
        Un long périple à la recherche de sa propre identité, en compagnie de Melinda, une fillette couverte de poils, va le conduire jusqu'au coeur d'un labyrinthe à ciel ouvert, dans un San Francisco dévasté.
        Voyage onirique dans l'imaginaire foisonnant de Jonathan Lethem : loufoque et bizarrement logique, déroutant et désopilant... Bref, jubilatoire !

[Quatrième de couverture]

Extrait (de la page 218) :

        Le fait de penser à elle, ici, de savoir qu'elle réclamait sa présence, lui serra le coeur, douloureusement. Il voulut objecter que c'était impossible, qu'elle ne pouvait éprouver un sentiment de durée entre ses visites, puisqu'elle n'existait pas en dehors de lui, qu'elle apparaissait à la demande.
        Mais objecter cela revenait à admettre qu'elle n'était pas réelle, que Cale n'était pas réel. Qu'ils n'étaient tous deux que des souvenirs, des rêves éveillés, sans matérialité. Et il ne voulait pas admettre cela, il ne voulait pas le croire.
        Au moment même où ces pensées lui venaient, Cale commença à disparaître.

Remarques : On peut lire l'avis de Frédéric BEURG sur Fred SF Web.


 

Mysterium, de Robert Charles WILSON (1995)

Couverture Mysterium (Mysterium, traduction : Pierre-Paul DURASTANTI) J'Ai Lu no3949, 1995. ISBN : 2-277-23949-6 (suggéré par Pierre-Paul DURASTANTI)

        Tout allait bien à Two Rivers, cette petite ville du Michigan. Tout allait bien, c'est-à-dire qu'il ne s'y passait pas grand-chose. Jusqu'au jour où le gouvernement y installe cette espèce de base, sur le site de l'ancienne réserve indienne. Usine d'armement ? Laboratoire de recherches ? Au début, on a pensé que ça ferait redémarrer l'économie, que ça créerait des emplois. Mais non. Le personnel arrivait par camions, était parqué dans des baraques, ne se mêlait pas à la population. Bizarre... Inquiétant, même.
Et puis, ce soir-là... Un immense éclair dans le ciel. L'orage ? Non, ce n'était pas la saison. Le lendemain, ébahis, les habitants de Two Rivers découvrirent qu'ils étaient coupés du monde. Leur ville se terminait net, en bordure de forêt. C'est alors qu'apparurent les avions. De vieux coucous de la dernière guerre...

[Quatrième de couverture]


Moi : « Considèrerais-tu Mysterium comme dickien ? »
Pierre-Paul Durastanti : « Ah, oui. Ce n'est pas de la copie, mais c'est le même type d'inspiration, pour deux raisons -- d'abord, ça traite des univers parallèles, et ensuite l'univers parallèle qui est dépeint est un monde où le Gnosticisme s'est imposé... Le livre a d'ailleurs eu le PKD Award, si je me souviens bien. De même, les héros sont des gens ordinaires, le livre est écrit selon le procédé des points de vue multiples... Je pense que Wilson adore Dick. Mais il ne l'a pas copié. Il n'y a pas le côté misogyne, ni l'interrogation sur la réalité... Il y a deux réalités, deux univers parallèles, mais ils sont aussi réels, factuels l'un que l'autre... Par certains aspects, ça rappelle Radio Libre Albemuth, je trouve... »

[Extrait d'une conversation électronique nocturne du 23 avril 1999, reproduit avec l'accord de P.-P.]

Remarques : Philip K. Dick award, 1995 (Pierre-Paul se souvenait bien).


Inner City , de Jean-Marc LIGNY (1996)

Couverture Ligny J'Ai Lu no 4159, 1996. ISBN : 2-277-24159-8

        « ;Au secours ! » crie Maze quand son corps explose.
        Soudain, un visage émerge du néant. Maze le reconnaît : c'est lui-même. Son propre clone perdu dans l'abîme virtuel. La Réalité Profonde, là où finissent par s'enliser les Inners hallucinés qui ont débridé leur console. « Allons, se rassure-t-il, Maya va me recréer. »
        En effet, Mens Sana, spécialisé dans la récupération des Inners en détresse, a décidé d'intervenir et réussit à contacter Kris, une brune longue et souple. Mais il n'y a plus aucune trace de Maze en cyberspace. Il a quitté la Haute Réalité. Kris arrivera-t-elle à temps pour le réanimer ? Réussira-t-elle à lui faire réintégrer son corps avant que son coeur ne cesse de battre ?
        En ce XXIo siècle, le virtuel a supplanté le réel. Un monde où l'on se déplace à des vitesses folles, où l'on joue avec sa propre identité. Où l'on s'aime, même. Au risque de se perdre à jamais.

[Quatrième de couverture]

Remarques : Grand Prix de l'Imaginaire 1997.
Liens :
La critique de Jean-Louis Trudel dans le numéro 21-22 (sept. 1996) du fanzine Keep Watching the Skies.
L'avis de Frédéric BEURG sur Fred SF Web.


 

Les défenseurs (F.A.U.S.T., vol. 2), de Serge LEHMAN (1996)

Couverture Lehman Fleuve Noir, 1996. ISBN : 2-265-06093-3 (suggéré par Étienne BARILLIER, qui m'a aussi transmis la couverture et choisi l'extrait !)

Extrait (du chapitre 14) :

        Il n'y a que deux possibilités, déclara Lorraine au bout d'un moment. Soit on admet que tout ce que nous avons vécu ensemble — tout ce qui nous est arrivé depuis que nous nous sommes réveillés ici — n'était qu'une illusion... Solitude, les injections, la façon dont nous nous sommes transformés, ce que nous avons appris à faire : rien de tout cela n'était réel. Dans ce cas, la disparition de l'infirmerie pourrait signifier que nous commençons à réintégrer la réalité - même si le phénomène nous apparaît sous une forme hallucinatoire.

Liens :
La critique de Pascal J. Thomas dans le numéro 23 (avril 1997) du fanzine Keep Watching the Skies.
Celle de Denis Guiot sur nooSFère.


 

Le dixième cercle, de Guy THUILLIER (1999)

Couverture Thuillier J'Ai Lu no 4986, 1999. ISBN : 2-290-04986-7

Extrait (du chapitre 14) :

        Paris, 2099. Dans une société au bord de la guerre civile et de la catastrophe écologique, Arthur, jeune biocybernéticien en mal de sensations fortes, trompe son ennui en plongeant toujours plus bas dans les Univers virtuels, jusqu'à l'enfer de violence du neuvième cercle. Mais des phénomènes étranges sapent son morne quotidien : hallucinations, objets familiers qui se détraquant, crises de prescience... La réalité semble se défiler autour de lui — jusqu'au jour où il échoue sur le monde de Dunyah.
        Qui se cache derrière cet Univers plus vrai que nature ? Pourquoi le patron d'Athur s'intéresse-t-il tant aux élucubrations mystiques d'une secte de pirates cybernétiques qui prophètisent la fin du monde ? Alors que s'organisent les élections présidentielles européennes, Arthur, à la recherche de l'incroyable vérité, s'engage, d'un cercle à l'autre, dans une quête initiatique qui le mènera aux confins de l'illusion et de la réalité.

[Quatrième de couverture]

Liens :
Quatres critiques sur nooSFère.


 

Nouvelles

 

Ces gens-là, de Robert HEINLEIN (1941)

        Un homme dans un hôpital psychiatrique, persuadé que le monde est truqué autour de lui et que tous ceux qu'il côtoient lui jouent la comédie... Est-il besoin d'en dire plus ?

Them, traduction : Michel DEUTSCH in des anthologies composées par Jacques SADOUL : Les meilleurs récits de Unknown, J'Ai Lu no 713, 1976 ; Anthologie de la littérature de science-fiction, Ramsay, 1981 ; Une histoire de la science-fiction - 2 (1938-1957 l'âge d'or), Librio no 368, 2000.


 

Les Zoros de la guerre, de Gene WOLFE (1970)

        Les Zoros, surnom des ORganismes Opérationnels Simulés, sont des êtres quasi-humains artificiellement créés et optimisés pour la guerre. Au milieu d'une compagnie de Zoros en opération dans la jungle contre l'ennemi, un journaliste, incognito...

Remarque : La quasi-totalité de la nouvelle est consacrée à la description des Zoros, de leur personnalité, et à la situation du journaliste. Seule la fin évoque (irrésistiblement) certaines situations rencontrées chez Dick.

The HORARS of War, traduction : Pierre-Paul DURASTANTI, in Silhouettes, Présence du Futur no 515, Denoël, 1990, ISBN : 2-207-30515-5

 

Entre parenthèses, de Christine RENARD (1977)

        Espérange a 70 ans, dont 50 passés en tant qu'ethnologue au service de la Transpatiale. Mais un soir elle apprend qu'elle n'a en fait que 20 ans et que le demi-siècle écoulé n'était qu'une simulation, une des épreuves d'entrée à la Transpatiale...


Remarques :
        « Puzzles, jeux de miroirs, pièges gigognes, les paragraphes se substituent pour ainsi dire les uns aux autres pour faire basculer les réalités les unes après les autres » -- Jean-Pierre FONTANA in Fiction no 286, décembre 1977.
        Christine RENARD a également traité ce thème d'une vie entière passée en simulation dans deux autres nouvelles (qui me plaisent moins) parues dans le recueil A la croisée des parallèles (Christine RENARD et Claude CHEINISSE, Présence du Futur no 318, Denoël, 1981) : L'exilé et Pour une gerbe de roses.

in Retour à la Terre 3, anthologie dirigée par Jean-Pierre ANDREVON, Présence du Futur no 242, Denoël, 1977.
in Le temps des cerises, recueil paru chez Kesselring en 1980.

 

Dans la chambre d'hôpital, d'Alain DORÉMIEUX (1978)

        Un homme se retrouve amnésique et prisonnier, dans une chambre d'hôpital, d'étranges médecins.

in Promenades au bord du gouffre, Présence du Futur no 264, Denoël, 1978

 

La substitution, de Robert SILVERBERG (1982)

        En une seconde, Hilgard, célibataire endurci, propriétaire d'une galerie d'art à New York, se retrouve publicitaire et marié... Premier souci : comment réagir face à cette inconnue qui est sa femme ?


Remarque : Dédié « à la mémoire de Philip K. Dick ».

The Changeling, traduction : Jacques CHAMBON, in Compagnons secrets, Présence du Futur no 490, Denoël, 1989, ISBN : 2-207-30490-6

 

Frappe, ordure, frappe, de Joël COUTTAUSSE (1986)

        Un monde dirigé par des super-ordinateurs, où les dirigeants officiels ne sont que des pantins médiatiques, dont la secte des Émules de Dick est persuadée qu'ils ne sont que des simulacres !

in Superfuturs, anthologie réunie par Philippe CURVAL, Présence du Futur no 427, Denoël, 1986, ISBN : 2-207-30427-2

 

Des nouvelles de D-Street, d'Andrew WEINER (1986)

        Certaines personnes disparaissent et le souvenir de leur existence semble s'effacer de tous les esprits...

The news from D-Street, traduction : Pierre K. REY, in Univers 1988, anthologie périodique dirigée par Pierre K. REY, J'Ai Lu no 2354, 1988, épuisé. ISBN : 2-277-22354-9
réédité, dans une traduction révisée par André-François RUAUD et Gilles DUMAY, in Envahisseurs !, recueil proposé et réuni par André-François RUAUD, éd. Orion, 1997. ISBN : 2-84344-005-X.




Il y en a sûrement plein d'autres... mais je démarre avec mes fonds de tiroir personnels.
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