Ne vous êtes-vous jamais dit « Mais c'est pas possible, je deviens fou », n'avez-vous jamais douté de vos sens et de votre perception?
On peut tenter de définir le doute: Le doute est sentiment humain relativement partagé qui consiste à remettre en cause une chose que l'on croit, mais qui se décline sur des modes différents.
Dans les traits de caractère : on a plus ou moins confiance en soi, et un manque de confiance peut amenener à douter de ses actes (est-ce que j'agis bien ? est-ce que je dis ce qu'il faut ?). Il y a là aussi des degrés divers : certains sortent sans fermer la porte, d'autres vérifient 20 fois qu'ils l'ont bien fermée (poussé à l'excès, ce comportement peut être symptôme d'un disfonctionnement psychiatrique).
Le doute est la religion : d'autre part, le doute peut se voir comme le fondement de l'interrogation religieuse. Le phénomène religieux dans l'évolution humaine a éclos avec la prise de consience de l'homme de son existence. Celle-ci s'est accompagnée du doute de l'homme sur sa destinée et le sens réel de sa présence. À mon sens, quelle qu'en soit la forme, la religion est alors la réponse choisie pour camoufler le doute en certitude. La religion n'est pas mauvaise en soi, mais elle n'est peut-être au final qu'une simple construction mentale humaine, mise en place pour répondre à des tensions profondes, basées sur le doute. C'est surement un des cotés extraordinaires de la machine « cerveau humain ».
Remarque : je crois nécessaire de noter que si la foi absolue peut apparaitre comme une réponse aveugle à la peur provoquée par le doute, il en va de même pour le rejet absolu de toutes croyances religieuses et la foi excessive dans le rationalisme, la science et le hasard. C'est la notion de certitude qui crée l'aveuglement, pas la religion elle-même.
Le doute, ouverture d'esprit : ainsi, je crois pour ma part que le doute, en quantité raisonnable, est salutaire, empéchant l'enfermement excessif dans des certitudes diverses et variées.
Mais Dick fait une utilisation
particulière du doute, qui correspond tout à fait à sa manière de voir le
monde :
Phil, lui, doute de la réalité de ce qu'il voit ou croit
voir. La thématique principale commence vraiment lorsqu'un des personnages
se demande « mais qu'est-ce qui ne va pas ? », et cette question relève
du doute. Mais le plus souvent, on assiste à une transformation
du doute en certitude, et on voit rapidement apparaitre
l'affirmation : « quelque chose déconne ». Subrepticement, dans
l'esprit du personnage, le doute de la réalité a été transformé en une
certitude du simulacre.
Ce mécanisme est trés bien illustré par la nouvelle Rajustement (cf. mon analyse de cette nouvelle.)
© Julien Mahoudeau
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Dern. modif. 02 octobre 2002 à 15h45.
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