Le voyage temporel est un thème par définition spécifique au genre littéraire de la Science-Fiction, puisque il relève actuellement du pur fantasme, et, aux dires de certains, le restera toujours. Un bon nombre d'auteurs de S.F. ont donc traité ce thème, avec plus ou moins de bonheur. Dick fait évidement partie de ceux-là.
Mais le voyage temporel, pour aberrant qu'il soit du point de vue scientifique, soulève une quantité de problèmes, dont le principal est bien sûr celui du paradoxe : si le voyage dans le temps était possible, en intervenant sur le passé, nous modifierions notre présent et pourrions alors, par exemple, nous faire disparaitre, ou plutôt faire en sorte de n'avoir jamais existé.
Le voyage temporel induit donc le fantasme de la modification de la réalité. C'est à ce titre que Dick, comme bien d'autres, s'est penché sur ce thème. Mais peut-on en déceler un traitement spécifiquement dickien ? Il est difficile de répondre à cette question. La modification du passé ou de l'avenir est une conséquence abolue du voyage temporel, et en ce sens, Dick ne se distingue pas des autres auteurs qui en parlent. Mais on peut cependant dire que Dick a traité le voyage dans le temps avec sa propre logique, ses propres visions.
Pour lui, il me semble qu'il ne s'agit que d'un moyen, utilisé pour traité d'autres thèmes. Bien sûr, Dick joue des paradoxes temporels (voir les nouvelles L'Orphée aux pieds d'argile ou Projet Argyronète). Mais derrière ceux-ci se cache toujours un autre intérêt, celui-ci spécifiquement dickien : la définition de la réalité, ou plutôt sa remise en cause, et pas seulement la modification de la réalité présente. À mon sens, c'est tout à fait le cas de la nouvelle L'Orphée aux pieds d'argile, qui nous pousse à nous demander si c'est P.K. Dick ou Jack Dowland qui est réel.
© Julien Mahoudeau
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Dern. modif. 02 octobre 2002 à 15h45.
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