Éléments autobiographiques

GENERALITÉS

    On peut chercher à savoir, dans l'oeuvre générale de Dick, ce qui relève de l'autobiographie, c'est-à-dire du vécu de l'auteur, et non pas simplement de son imagination.

    Il est de toute façon évident que ses nouvelles et romans fourmillent d'un bon nombre d'allusions à des choses qu'il a vécu. Les exemples sont nombreux :

  • Les allusions au manque de reconnaissance de la S.-F., et à la difficulté d'être un écrivain de S.-F. en font partie.
  • Le thème de la drogue et des substances psychotropes peut aussi être vu comme « autobiographique », dans la mesure où l'auteur s'est lui-même parfois drogué, et en a tiré des expériences qui l'ont beaucoup marqué. On peut ainsi noter que le roman Substance Mort comporte une trés forte partie autobiographique, et Dick y décrit son style de vie dans la fin des années 60.

    Mais on peut se demander à quoi correspondent ses intrusions autobiographiques dans les récits. L'auteur se contente-t-il de nous faire partager son vécu, ou cherche-t-il à nous dire que les héros de ses histoires ne sont autres que lui-même ?

    Bien qu'il y ait un peu des deux, ce second aspect me semble le plus important. Pour s'en persuader, il suffit de lire un petit texte extrêmement fort et   très puissant de vérité, Notes rédigées tard le soir par un écrivain de S.-F. fatigué. Dick y expose rapidement son parcours d'écrivain, ses émotions lors des 1ères parutions, ainsi que la difficulté d'en vivre. Mais surtout, il nous explique ici sa disposition d'esprit lorsqu'il écrit : « Ce qui compte pour moi, c'est l'écriture, l'acte de fabrication du roman, parce que pendant que je le fais,à ce moment particulier, je suis dans le monde que je décris. Il est réel pour moi, complètement et totalement ». C'est là le plus bel aveu de l'auteur de son implication totale dans ce qu'il écrit, et donc dans les mondes qu'il crée. Cette implication est telle qu'on apprend ensuite que lorsqu'il a fini, Dick doit abandonner le monde et les personnages qu'il a créé, et cela le détruit.

    À mon sens, il est trés important de bien comprendre cela pour saisir toute la puissance de son oeuvre.


DÉVELOPPEMENT PARTICULIER : SIVA

    Siva est un roman génial et extrêmement complexe, typique de la période tardive de Dick, à la fois par le style de l'écriture et par les thèmes abordés : avec un humour féroce et désespéré, Dick nous raconte l'histoire d'Horselover Fat, qui croit avoir recontré Dieu et savoir que Dieu n'est rien d'autre que Siva, de l'information pure dénommée Système Intelligent Vivant et Agissant.

    Les éléments autobiographiques sont ici tout à fait évidents, et assumés comme tels par l'auteur. Ainsi, Dick nous explique que Horselover Fat n'est rien d'autre que la traduction littérale en anglais de l'étymologie de son propre nom, Philip K.Dick: Philip vient du grec Philhypos, c'est-à-dire « celui qui aime les chevaux », ce que l'auteur transforme en Horse-Lover; quant à Dick, cela peut signifier « gros », dont un des synonymes anglais est « Fat ». Pour compléter le tout, le roman est écrit à la première personne, ce qui implique le narrateur, donc l'auteur, comme personnage.

    Ainsi, dans Siva, l'auteur se démultiplie et assume en lui plusieurs des personnages du roman, avec leur délires et leurs contradictions.


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© Julien Mahoudeau

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